le 2 décembre 2021
TÉMOIGNAGE
-
Pourquoi avez-vous choisi de partir à l’étranger, et pourquoi avez-vous choisi cette destination ?
De nos jours, nous savons qu’il est important de se démarquer dans le milieu professionnel par quelque moyen que ce soit. Il faut admettre que la filière juridique « classique » est une filière extrêmement convoitée. C’est pourquoi en découvrant ce cursus franco-allemand, je me suis dit que c’était la parfaite occasion pour moi de me démarquer sans délaisser pour autant le cursus juridique que je voulais suivre.
ELSA ROMANI
Mobilité de novembre 2020 à septembre 2021
-
Pourquoi l’Allemagne et pourquoi Sarrebruck plus précisément ?
-
Comment s’est déroulée votre intégration au sein de l’université partenaire ?
L’année 2020 a été marquée par le début de la crise sanitaire qui continue d’évoluer aujourd’hui. Les lycéens dont moi-même n’ont pas pu terminer leur cursus secondaire de manière normale et n’ont d’ailleurs pas passé le baccalauréat comme cela se fait habituellement. J’ai donc commencé mon cursus universitaire sans avoir véritablement terminé le précédent ce qui était déstabilisant.
En arrivant à Sarrebruck, nous nous attendions à avoir cours en présentiel. Malheureusement avec les réglementations du moment, nous avons tout de suite était plongés dans la fameuse « mode » du distanciel pour les étudiants. Au début, il a donc été assez compliqué de trouver un bon rythme, une bonne organisation et de s’intégrer (les évènements d’accueil et soirées ou week-ends d’intégration universitaires ne pouvant avoir lieu).
Heureusement, nous, les étudiants français « expatriés » avons su créer entre nous une grande vague de solidarité et de soutien, ce qui nous a permis tout en respectant les restrictions sanitaires, de nous rencontrer et créer de liens très solides.
Le Bureau Des Étudiants du Centre Juridique Franco-Allemand a également développé des programmes de parrainage et de tutorat pour aider chacun d’entre nous dans l’avancement de son parcours. Les anciens élèves ont également été très présents. Finalement tout le monde s’est organisé pour que ce mode d’enseignement à distance n’altère pas toute cohésion sociale.
Pour résumer, je dirais que l’intégration n’a pas forcement été des plus simples mais comme beaucoup de choses ces deux dernières années. J’en ai tiré un enseignement positif : j’ai effectivement développé une grande capacité d’adaptation et puisque nous vivons une période assez incertaine, il est vrai que l’on apprend à profiter de chaque bon moment de la vie.
Cette année et donc en octobre 2021, la rentrée universitaire a pu se faire en présentiel et je peux vous assurer que c’est totalement différent. Nous avons pu retrouver un campus vivant, attractif, et l’organisation de nombreux évènements. J’apprécie d’autant plus cette année et la chance que j’ai de pouvoir suivre ce double cursus.
-
Quel était votre niveau dans la langue d’enseignement lorsque vous êtes arrivé ? Avez-vous progressé ?
De plus, il est certes avantageux de très bien parler l’allemand avant de commencer ce cursus, mais je n’oserais pas dire que c’est désavantageux de ne pas le parler merveilleusement bien. En effet, dans ce cursus, que l’on parle initialement bien l’allemand ou non, nous allons dans tous les cas apprendre une nouvelle langue qui est l’allemand juridique (et c’est exactement la même chose lorsque nous apprenons le français juridique).
Personnellement je trouve non seulement que j’ai progressé dans l’allemand courant, mais j’ai de plus eu la chance de commencer l’apprentissage de l’allemand juridique.
Alors pour conclure je donnerai 3 mots : travail, persévérance et plaisir.
-
S’agissait-il de votre première fois dans ce pays ? Qu’avez-vous pensé de la vie sur place ?
Comme évoqué précédemment, ce n’était pas ma première fois dans ce pays. Cependant, j’ai pris ce départ comme une toute nouvelle expérience et un enrichissement certain.
Même si ma ville d’échange lorsque j’avais dix ans ne se trouve qu’à quelques kilomètres de Sarrebruck, je n’y avais jamais été. Je trouve cette ville très riche à plusieurs niveaux. Tout d’abord c’est une ville extrêmement universitaire. En effet, la tranche d’âge y est assez jeune et nous rencontrons des étudiants de tous les coins du monde, ce qui est extraordinaire pour créer des liens et relations à l’international. La ville est de plus un lieu de vie très agréable, elle est vivante et attractive et il est plaisant de se balader dans bon nombre d’endroits. D’un point de vue géographique, la ville de Sarrebruck se trouvant proche des frontières française et luxembourgeoise est très bien située.
D’un point de vue financier, la vie sur place est assez raisonnable et la plupart des achats sont d’un coût que je trouve beaucoup plus abordable qu’en France, surtout pour des étudiants.
Enfin, je n’oserais pas dire que je suis venue en Allemagne pour la météo, ce qui est assez évident lorsque l’on vient d’une ville comme Nice qui est extraordinaire "météorologiquement" parlant. Mais il nous arrive d’avoir quelques jours de beau temps et finalement, moi qui suis la première à être très attachée à mon soleil niçois et mon été indien, cela ne m’a pas empêchée de me diriger vers Sarrebruck.
-
Avez-vous observé des différences entre l’enseignement supérieur français et l’enseignement supérieur du pays d’accueil ?
Il est vrai qu’il existe quelques différences notables. Dans un premier temps, je dirais que l’on ne pourra pas enlever aux allemands leur célèbre rigueur.
A côté de cette rigueur intrinsèque qui nous force nous même à être davantage rigoureux, les allemands ont un fonctionnement particulier en ce qui concerne les débuts et les fins de cours appelé : le quart d’heure universitaire. En effet, durant un cours magistral allemand, il n’y aura que très rarement des pauses. Pour remédier à cela et rendre le cours moins long mais sans l’entrecouper, les allemands débutent le cours un quart d’heure après l’heure annoncée et le terminent un quart d’heure avant l’heure également annoncée.
Enfin une différence primordiale mais cette fois-ci plus orientée sur le contenu des cours : la manière d’enseigner et d’étudier le droit diffère totalement entre les deux langues. Dans les matières allemandes, on centrera principalement le cours sur des études de cas qui seront à la fois mélangés au cours, alors qu’en France on nous enseigne dans un premier temps les différentes notions pour ensuite les appliquer à différents cas.
C’est une des choses que j’aime le plus ici : non seulement nous apprenons le droit dans deux langues différentes, mais en plus on nous apprend à réfléchir de deux manières différentes, à l’allemande et à la française et croyez-moi c’est assez différent.
Nous développons donc deux manières de réfléchir, ce qui est très enrichissant pour l’avenir et pour notre construction juridique personnelle.
-
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
Je dirais une nouvelle fois que les difficultés rencontrées sont liées à l’intégration à cause de la crise sanitaire, mais des solutions ont été trouvées.
Le départ du cocon familial est aussi une étape et un signe vers le passage à la vie adulte et il peut très souvent effrayer, encore plus à dix-sept ans. De plus, la gestion du stress peut être une difficulté importante, ce cursus étant assez difficile et exigeant. Il ne faut pas céder sous la pression.
La dernière difficulté que j’évoquerais est la difficulté à suivre les cours magistraux allemands au début de l’année mais en les retravaillant derrière et en comprenant les notions, c’est faisable !
-
Quels ont été les apports de cette mobilité sur votre projet académique et/ou professionnel ? Sur le plan personnel ?
Ma mobilité n’étant pas encore terminée, je ne peux pour l’instant pas donner de réponse définitive à cette question. Cependant, à l’heure actuelle et au stade de la mobilité dans laquelle je suis, je dirais que cela m’a permis de m’orienter un peu plus et même d’envisager des projets auxquels je n’avais pas forcément pensé. Je suis passionnée de droit pénal et le fait d’étudier cette matière dans deux langues différentes me laisse envisager une possibilité de faire du droit international. Je ne suis fermée à aucune voie. Chaque jour qui passe, des idées se développent, des envies apparaissent, le goût (ou non) pour certaines matières s’affirme. Alors pour l’instant je continue de m’intéresser un petit peu à chaque domaine et nous verrons vers où cela m’oriente et me porte.
Sur le plan personnel, cette mobilité m’a permis de développer différentes qualités : j’ai tout d’abord progressé sur ma timidité. Comme nous sommes livrés à nous même, nous n’avons pas d’autre choix que de nous ouvrir aux autres, et ce, dans différentes langues (anglais, français et allemand). J’ai d’ailleurs fait de très belles rencontres et créé des liens, qui je l’espère dureront.
Comme évoqué précédemment, j’ai aussi développé une grande capacité d’adaptation, puisqu’avec la situation sanitaire tout change très vite. Je pense avoir pris confiance en moi et enfin quelque chose d’essentiel pour moi est que je suis beaucoup plus épanouie et heureuse qu’il y a deux ans.
-
Envisagez-vous de vous expatrier ?
Non, personnellement je n’envisage pas de m’expatrier. Cependant comme le dit la célèbre citation : il ne faut jamais dire jamais.
-
Quels conseils donneriez-vous aux autres étudiants et étudiantes de Nice intéressé.e.s par la même mobilité que vous ? Comment avez-vous organisé votre mobilité ?
Osez ! Sortez de votre zone de confort ! Matériellement j’ai eu la chance d’avoir l’aide de mes parents qui m’ont aidée dans mon installation. Sur place, j’ai osé aller vers les autres, questionner pour pouvoir vivre à fond cette mobilité car je réalise, chaque jour qui passe, que c’est une réelle chance.
-
Quel est votre meilleur souvenir ?
Il y en a tellement qu’il serait difficile de les énoncer ici un par un, mais l’ambiance et le très bon temps que nous passons tous ensemble font partie des meilleurs.